L’Arbre

Ce recueil paru en 1901 au Mercure de France constitue la première édition du théâtre de Claudel. Le dramaturge choisit d’y rassembler cinq pièces (La seconde version de Tête d’Or, la seconde version de La Ville, la seconde version de La Jeune Fille Violaine, Le Repos du septième jour, L’Echange), parmi lesquelles, déjà, trois remaniées. Le volume tire son titre d’un motif, l’arbre, à la forte résonance biblique (il renvoie à l’arbre du jardin d’Eden et à l’arbre de la Croix), essentiel dans toute l’œuvre claudélienne où il symbolise l’homme et incarne le lien entre verticalité et horizontalité, terre et ciel, concret et spirituel. Ce motif, dont la présence, textuelle, scénique, métaphorique, est diversement modulée, contribue à l’unité du recueil. En effet, par delà la diversité des personnages (paysans, roi, empereur, actrice, homme d’affaires) et des horizons convoqués (le Caucase de Tête d’Or, le Tardenois de La Jeune Fille Violaine, La Chine du Repos du septième jour, l’Amérique de L’Echange), il faut souligner la proximité thématique, esthétique et spirituelle qui relie en profondeur ces œuvres. Elles retracent, chacune à leur manière, une quête identitaire et spirituelle, affirment la douloureuse nécessité du sacrifice et témoignent d’un relatif apaisement trouvé sur le plan religieux. Ce dernier coïncide –sans doute n’est-ce pas un hasard- avec une volonté de maîtriser l’écriture dramatique foisonnante des débuts, ce dont témoigne la récriture des premières versions non reprises ici.

Pascale ALEXANDRE
Université Paris-Est
Pascale.alexandre@univ-paris-est.fr

 

 

Les cinq drames de l’Arbre ont été réédités dans : Paul Claudel, Théâtre I, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 2011.
Pour une étude approfondie voir les notices du volume ainsi que les bibliographies proposées aux pages 1387-1390 (Tête d’Or), 1414-1415 (La Ville), 1545-1546 (La Jeune Fille Violaine), 1489 (L’Echange), 1500-1501 (Le Repos du septième jour).