Bulletin de la Société Paul Claudel, n°218

Sommaire

Bible, art et sacerdoce
Dossier dirigé par Dominique Millet-Gérard

Dominique Millet-Gérard
Avant-propos, 11

Dominique Millet-Gérard
Lettres de Paul Claudel à l’abbé André Combes, 13

Marie-Ève Benoteau-Alexandre
Correspondance de Paul Claudel avec l’abbé Henri Théolas, 41

Dominique Millet-Gérard
Lettres de Paul Claudel au R. P. Auguste Valensin, sj, 49

Dominique Millet-Gérard
La réception du Soulier de Satin dans les milieux ecclésiastiques (jusqu’en 1955), 59

Dominique Millet-Gérard
Claudel et Pie XII. Une heureuse rencontre aux profondeurs de la foi et de l’art, 75

NOTE

Antoinette Weber-Caflisch
Un cas de référence picturale dans le premier Échange de Claudel, 95

EN MARGE DES LIVRES

Michel Wasserman, Paul Claudel dans les villes en flammes (Marie-Victoire Nantet), 107

La Fleur cachée du Nô, textes réunis et présentés par Catherine Mayaux (Jacques Houriez), 111

Didier Alexandre, Emmanuelle Kaës (dir.), La linguistique de Claudel. Histoire, style, savoirs (Luca Barbieri), 115

Hélène Hoppenot, Journal 1936-1940 (Michel Lioure), 119

THÉÂTRE

La Cantate à trois voix (Armelle de Vismes), 125
 

Assemblée générale de la société Paul Claudel du 30 janvier 2016, 129
Bibliographie, 135
Actualités claudéliennes, 137
Annonces, 141
Nécrologie. Jean-Hervé Donnard (1925-2015), 143

 

Claudel et Pie XII

Une heureuse rencontre aux profondeurs de la foi et de l’art

La moindre insinuation de la vérité constitue pour le mensonge un danger mortel1.

La première mention sous la plume de Claudel du nom du cardinal Pacelli, alors secrétaire d’État du pape Pie XI, date de juillet 1935. Le secrétaire du comte de Paris, Desclausais, lui apportant des nouvelles de Rome, lui signale que « le cardinal Pacelli lit [s]es œuvres avec grand plaisir », information immédiatement consignée dans son Journal2. Dès l’année suivante s’engage une correspondance directe entre les deux hommes, qui sera relayée après l’élection de Pie XII au souverain pontificat par, successivement, Mgr Fontenelle, le cardinal Maglione, le P. Gillet, op, Mgr Montini3, prélats chargés par le pape de remercier le poète de l’envoi fidèle de ses livres, au fur et à mesure de leur publication.

En 1939, Claudel a soixante-et-onze ans, huit de plus qu’Eugenio Pacelli – ce sont quasiment des hommes de la même génération. Il est ambassadeur à la retraite depuis quatre ans, partage sa résidence entre Paris et le Dauphiné, s’occupe de la mise en scène de ses pièces de théâtre. Le 10 février, il ne manque pas de noter dans ce même Journal la mort de Pie XI, qu’il avait admiré en tant qu’instaurateur de la fête du Christ-Roi4, et qu’auteur de « la grande encyclique contre le capitalisme et le socialisme5 ». En revanche, il se plaint à plusieurs reprises de ses prises de position en matière d’art :

Le pape s’élève avec véhémence contre l’art moderne et ne trouve rien de pire pour le blâmer que de le comparer aux productions du Moyen Âge ! C’est rassurant ! On ne voit pas que l’art de S.-Sulpice ait jamais été blâmé. Pourquoi les prêtres ont-ils si peu de goût6 ?

Invité à prononcer à cette occasion un message radiophonique7, et proposant un texte à La NRF, il ne cache pas son inquiétude sur les menaces des temps et l’enjeu crucial de l’élection :

Il est donc mort, une fois de plus, le grand vieillard du Vatican, et demain un autre homme rouge va devenir à son tour l’homme blanc, coiffer la tiare trirègne, endosser la livrée de l’Agneau, succéder dans ce rôle terrifiant de représentant de Dieu et d’otage dans la main des peuples8.

Aussitôt il se fait attentif aux signes :

1/3. – À l’entrée des cardinaux au conclave un magnifique arc-en-ciel se déploie au-dessus du Vatican. L’arc-en-ciel figure dans les armes du cardinal Pacelli9,

et se réjouit de leur prompte confirmation :

2 mars. – 7 h. 5. J’apprends la nomination du cardinal Pacelli. Grande joie. L’Agence Havas me demande une déclaration.

Le nouveau Pape prend le nom de Pie XII. Sa devise est Opus justitiæ pax. Il prend pour Secrétaire d’État le Cardinal Maglione10.

Claudel fera partie de la Mission française chargée de porter les félicitations de la France au pape Pie XII lors de son couronnement, le 12 mars. Il en rapportera un article qu’il confiera au Figaro du 25 mars :

[…] Hier c’est le nouveau Pape qui nous a reçus, je devrais dire qui nous a ouvert les bras, non pas seulement à nous, mais à cette chère, chère France, comme il ne cessait de le répéter avec tendresse. Elle est venue, l’heure jadis prévue par Pie X, où les fils retrouvent leur Père ! […] Deux pays seuls font défaut à cette assemblée des nations : l’Allemagne et la Russie.

Nous attendons.

Ce n’est pas seulement le monde entier qui attend, c’est tout le passé humain, ce sont toutes ces générations chrétiennes l’une derrière l’autre, dont il est impossible de pénétrer Rome sans se sentir solidaire. […]

Toutes sortes d’inscriptions, toutes sortes de pontifes échelonnés, nous ramènent jusqu’au tombeau des deux Apôtres, jusqu’au temps où Rome, de ce sceptre qu’elle tient au milieu de la mer, présidait à la première unification humaine. […] Les siècles vivent ! Ils sont là, mêlés à nous, leur délégation à notre tour, et les yeux ouverts, fixés sur cette porte qui va s’ouvrir, prolongent l’attente immémoriale d’Israël. Car est-ce Toi qui dois venir ? ou en attendons-nous un autre ?

Et voici la réponse. […] C’est le Vicaire de Dieu, la postérité d’Abraham, l’Évêque de Rome, dans le temps la vivante continuation du Messie. Qu’est-ce qu’il fait ? Il élève la main, il bénit. […] Et quand le cortège reprend sa marche, ce n’est plus une mitre blanche qui surmonte l’homme, c’est un losange d’or. Un pinceau de soleil est tombé sur lui, il rutile ! il jette de tous côtés des rayons. Moïse quand il descendit de la montagne ne parut pas plus éblouissant. Et puis le rayon a cessé, et il n’y a plus, s’avançant vers nous sur l’Humanité aplanie, que ce prêtre qui bénit. Nous sommes à genoux. […]

Et la messe commence. […] Le voici qui se lève, le clergé l’invite, il se rend à l’autel où le sacrifice est préparé qu’il va offrir à Dieu au nom de tout l’Univers. Ainsi le Grand Prêtre jadis, le pectoral aux douze pierres suspendu au cou, qui apportait le sang des victimes à l’intérieur du voile.

C’est le moment pour moi de la grande émotion. […] Mais ce qui se passe sous le baldaquin de bronze, à l’intersection des quatre voies, enguirlandées de cette promesse d’or jadis faite à la pierre fondamentale, sous cette coupole qui couvre et qui résume le globe, quelle émotion, quel saisissement ! Je pense à tout l’univers catholique, à ce Cénacle fait de quatre cents millions de frères de toutes races, croyants et incroyants, aux malades, aux petits enfants, aux destitués, aux persécutés de toute espèce, à toute cette Église faite de millions de souffrants et d’espérants, à ce raz-de-marée au-dessous de nous, de tous les morts que soulève l’astre eucharistique, à ce terrible sanglot que résume avec simplicité cette voix toute seule dans le silence énorme qui s’élève : Pater Noster, Père, Père, Notre Père11 !

Telle était la grandeur du catholicisme d’il y a soixante-dix ans ; sublimité de la liturgie, de la piété, du langage qui les décrit, de la haute conception que se faisaient le peuple et le pape lui-même du souverain pontificat, qui nous font mesurer l’espèce de cauchemar incohérent et trop souvent trivial dans lequel nous sommes tombés, mais qui n’est pas une fatalité.

Une fois posé ce premier et grandiose contact entre le poète et Pie XII, nous nous pencherons sur leurs relations personnelles et leurs rapports réciproques à travers trois domaines, ceux de la littérature, de l’exégèse et de la liturgie.

Pie XII et la littérature

« Un très grand poète »

Eugenio Pacelli, on le sait et il n’y a pas à s’en étonner, avait reçu une solide éducation humaniste au lycée Visconti, notamment sous la houlette d’un professeur de latin et de grec, Hildebrand Della Giovanna, « savant et studieux philologue qui savait faire revivre dans ses cours l’intérêt pour les arts et les lettres antiques12 ». Par la suite « plusieurs de ses proches ont témoigné de son amour des livres. Avant de partir pour sa résidence d’été à Castel Gandolfo, il prenait du temps pour choisir avec soin les livres qu’il comptait emporter avec lui. Sa prédilection pour les plus grands auteurs classiques (à commencer par Cicéron, saint Augustin, Dante, Manzoni, mais aussi Goethe et Bossuet) est bien connue13 ». Dans cette liste qui n’est pas entièrement de son goût, Claudel saura se tailler une place de choix. Avant l’accession au souverain pontificat, nous avons quatre lettres du Cardinal Pacelli au poète, le remerciant de l’envoi de livres avec une chaleur qui transparaît bien derrière le style de chancellerie ; ainsi en août 1936, sans doute à propos de deux petits ouvrages aux titres bibliques publiés dans la « Collection catholique » de chez Gallimard, Écoute ma fille et Toi qui es-tu14 ?, s’exclame-t-il :

Laissez-moi vous remercier de tout mon cœur des deux opuscules dont vous avez eu l’aimable pensée de me faire hommage. C’est de l’âme cela ! Et j’en suis ravi15.

Le ton du cardinal est toujours personnel et chaleureux : ainsi encore, cette même année 1936 et la suivante, à propos de deux nouveaux envois, l’essai « Sur la présence de Dieu16 », qualifié de « pieuse et substantielle brochure », et le premier volume de textes exégétiques, Les Aventures de Sophie17, ne manque-t-il pas de souligner discrètement, comme il ne cessera de le faire par la suite, l’importance du rôle de l’écrivain authentiquement catholique, le « félicit[ant] de consacrer [ses] loisirs à un sujet de si haute importance pour la vie spirituelle18 », ou « devin[ant] le souffle original et ardent, qui anime le grand poète chrétien, dont le talent, mis directement […] au service de la Parole de Dieu, en tire des accents qui ne sauraient manquer d’émouvoir les âmes croyantes19 ».

Plus tard, lorsque le soin de remercier officiellement pour les livres transmis par l’ambassadeur de France, Maritain ou le comte d’Ormesson, sera remis au substitut, c’est par d’autres intermédiaires que Pie XII fera parvenir à Claudel ses témoignages d’affectueuse admiration ; ainsi, à propos de l’article du Figaro que nous avons longuement cité plus haut, est-ce son gendre Jacques Paris, secrétaire à l’ambassade de France près le Saint-Siège, qui lui rapporte les propos pontificaux :

Jacques m’apprend que lorsque Mgr Fontenelle parla à Pie XII de mon article du Figaro, il dit qu’il l’avait déjà lu et placé dans ses archives. « C’est un grand poète, ajouta-t-il, un très grand poète20. »

Le même Mgr Fontenelle ne manquera jamais de se faire avec bonhomie et enthousiasme l’écho de la bienveillance du pape : « Il a pour vous et pour votre œuvre une considération tout émue21 ». Mais il y a aussi de plus humbles témoignages, comme celui, à la fois amusant et fort touchant, de ce jeune prêtre bétharramite qui rend compte à Claudel de la visite de son ordre religieux, selon la coutume, au pape le jour de la Chandeleur 1942 pour lui faire l’offrande d’un cierge :

J’ai obtenu cette année d’être choisi pour accompagner mon Supérieur : je voulais l’immense plaisir d’approcher le Pape et de lui dire quelques mots.

Pendant que les représentants des vieux ordres défilaient […], j’essayais de composer une formule pour exprimer le plus brièvement possible tout ce que je voulais Lui dire… Car Pie XII qui est la Bonté personnifiée, écouterait volontiers le plus petit des chrétiens, mais tous ces monseigneurs plus ou moins pomponnés qui stationnent dans les marches du trône, c’est autre chose ! Quand midi arrive […], ils laissent paraître dans leur visage tous les signes de l’angoisse […] Si donc par malheur quelqu’un – mettons vers midi dix – s’avise de dire quelques paroles au St Père, c’est toute une désolation muette qui l’entoure. Quand j’arrivai au trône, c’était midi et 1/2 : vous comprenez donc que ma formule devait être brève. J’avoue pourtant que ce n’étaient pas les impatiences de ces appétits Éminents et Excellents qui m’impressionnaient le plus, mais la grande fatigue qu’on lisait sur le visage de Pie XII. Il avait un pli très profond en travers du front. Quand je fus à ses pieds, sous la lumière de ce regard extraordinaire que vous connaissez peut-être, je ramassai mon courage à deux mains pour ne pas perdre la tête et alors […] je lui dis […] : « Saint Père, daignez donner aussi une bénédiction particulière à Claudel, car il souffre ». – Pie XII se pencha très près (sa tête était à une main de la mienne) ; la barre de fatigue du front disparut instantanément. Il y eut sur sa figure une expression, d’abord d’étonnement, et puis de peine si véritable, que j’en fus ému. « Il souffre ? », demanda-t-il profondément […] Alors ce fut lui qui parla. Je n’ai pas retenu le mot-à-mot parce que j’étais un peu trop ému. C’était une trentaine de paroles. Le sens était qu’« Il prierait Dieu pour que Sa consolation descendît sur vos peines ». Après il répéta, à deux reprises : « Que Dieu le console dans ses épreuves » […] et Il vous donna Sa bénédiction […] ; ce fut la subite expression triste qui apparut sur son visage quand je lui eus dit ma première phrase à propos de vous, qui m’impressionna. Il doit bien vous aimer pour s’intéresser à ce point. Je me suis demandé si vous ne le connaissiez pas personnellement22.

Enfin, en 1949, c’est l’ambassadeur Wladimir d’Ormesson qui rapporte à Claudel, dans une lettre dont ce dernier consignera des extraits dans son Journal, une conversation avec Pie XII, juste après qu’a paru dans Le Figaro littéraire l’article consacré à son jubilé sacerdotal :

Je ne puis vous dire en quels termes le Pape a parlé de vous, de ce que vous représentez, comme force, pour l’Église. « Il est un homme envoyé par la Providence, en ces temps de désarroi, a-t-il dit. Grâce à lui que d’âmes sont soutenues, que de cœurs réconfortés, que d’esprits éclairés ! – Et son rayonnement est universel… La France peut être fière de lui, mais l’Église n’en est pas moins fière et reconnaissante à Dieu23 ».

Il y a plus là qu’un simple hommage : une véritable complicité sur beaucoup de plans, politique, culturel, apologétique, missionnaire. Nous allons voir qu’elle a failli, n’eussent été certaines malveillances, se concrétiser au cœur même de l’union de la foi et de la culture, à l’occasion de l’Année Sainte 1950.

Le « feuilleton » de l’Annonce faite à Marie

Une « canonisation littéraire » manquée

Un témoignage isolé, dont nous n’avons pas trouvé confirmation, fait état d’une rumeur qui aurait circulé dans les milieux ecclésiastiques français au début de 1945 :

Le bruit a couru ici avec persistance que vous alliez partir en mission au Vatican, et que vous seriez chargé de représenter la nouvelle France, – bien divisée, bien hésitante aux carrefours des routes, auprès du successeur de Pierre ! Dieu soit béni si cette nouvelle est exacte ! Et que l’archange Raphaël vous accompagne dans cette ambassade qui serait le plus magnifique couronnement de votre grande carrière24.

Claudel ambassadeur près le Saint-Siège à la place de Maritain… Était-ce le vœu de Pie XII ? Nul doute en tout cas que la face du monde n’en eût été changée.

À défaut de cette gloire, une autre a effleuré Claudel. Nous sommes en 1949, c’est à nouveau Wladimir d’Ormesson qui occupe le palais Taverna. On commence à préparer activement les festivités de l’Année Sainte 1950, et se fait jour un projet qui, dès avril 1948, a germé dans la tête du metteur en scène Jacques Hébertot25, de représenter au Vatican L’Annonce faite à Marie, la pièce la plus connue et la préférée de Claudel, au Vatican. Mgr Fontenelle, enthousiaste, prend le relais

J’attendais d’avoir reçu la nouvelle et dernière édition de L’Annonce faite à Marie, pour transmettre au Saint-Père, avec ce texte, votre si noble et légitime désir. Que ce serait donc beau, cette représentation au Vatican ! Mais ne voyant toujours rien venir […], je me décide quand même à proposer la chose à Sa Sainteté. Cela demandera sans doute un peu de réflexion […]. Vous devinez quelle est la ferveur de ma démarche et l’intensité de nos vœux26.

Il faut néanmoins passer par les pesants rouages de l’administration vaticane et notamment le « Comité Central de l’Année Sainte » présidé par Mgr Valerio Valeri27 ; Claudel espère, voyant dans cet événement

le couronnement d’une longue carrière littéraire tout entière consacrée, sous les auspices de notre auguste Mère, à la glorification de la Sainte Église Catholique […] et en outre un témoignage précieux des sentiments de bienveillance personnelle que sa Sainteté, dites-vous, me fait l’honneur d’entretenir à mon égard28.

Les choses ne vont pas sans difficultés, comme l’écrit à Claudel Wladimir d’Ormesson :

Il est certain que c’est à l’occasion de l’« Année Sainte » que cette représentation aurait à Rome la plus haute signification. Vous imaginez aisément à quel point cette idée m’enchante – à tous les points de vue – et avec quel cœur je m’emploierai, dans la mesure de mes possibilités, à la voir s’accomplir ! Une représentation spéciale pourra-t-elle avoir lieu, au Vatican, en présence du Pape ? Sur ce point, j’avoue mon incompétence et aussi mon doute… Car cela me paraît absolument hors des traditions et vous savez à quel point le St-Siège est traditionnel… Mais, enfin, nous travaillerons à ce miracle : L’Annonce en est un… Et vous-même, vous en avez fait d’autres29 !

L’ambassadeur avance à pas de loup et, un mois plus tard, en avril 1949, profite de la satisfaction de Pie XII à la lecture de l’article du Figaro littéraire pour marquer un point :

J’ai profité de la circonstance pour ajouter ceci : « Très St-Père, l’an prochain, je caresse le rêve de voir L’Annonce faite à Marie représentée à Rome, Paul Claudel étant présent et j’ai encore une ambition plus haute… Je vais la dire à Votre Sainteté… Elle ne me répondra pas tout de suite, mais Elle écoutera ma demande : j’ose espérer que L’Annonce faite à Marie pourra être représentée devant Votre Sainteté… Ce serait pour Paul Claudel l’apothéose de sa vie, tout entière consacrée à magnifier la gloire de Dieu, et pour la France une manière d’offrir à Votre Sainteté ce que nous avons de plus pur et de plus céleste dans notre littérature contemporaine… »

Le Pape n’a pas répondu, car la question, évidemment, ne pouvait être tranchée sur le champ, étant donné les conséquences internationales qu’elle soulève – il est évident que si la chose se fait, le lendemain du jour où on la saura, l’ambassadeur d’Espagne, celui d’Italie, celui d’Angleterre, etc., etc. viendront offrir… mais offrir quoi ? Voilà précisément ce qui est le problème ! Car où trouveraient-ils chez eux un « Paul Claudel » vivant ?…

Le Pape n’a donc pas répondu tout de suite et il ne pouvait pas me répondre tout de suite… […] Mais il a parfaitement entendu et écouté mon vœu. Le grain est semé ! Il faudra maintenant le faire lever… Vous savez de quel cœur je m’y emploierai ! Je dois dire que ce serait, pour moi aussi, l’« apothéose » de mon ambassade30 !

Dans les mois qui suivent, Mgr Fontenelle et l’ambassadeur progressent, au rythme du lieu, dans la nécessaire « préparation psychologique de quelque temps31 ». Mais en octobre, le ciel s’assombrit, et c’est en style épico-biblique que Mgr Fontenelle croit bon d’avertir le poète :

Je vous écris en la fête de N. D. du Saint-Rosaire, dont il est dit que mille clypei pendent ex ea. Il n’est pas trop, en effet, de cette omnis armatura fortium, car nous sommes rentrés en pleine bataille. […]

Je vous avais dit l’acceptation de principe de la représentation de L’Annonce en présence du Saint-Père. Le Comité de l’Année Sainte (tandis que de mon côté, je vous donnais cette grande nouvelle) en écrivait à Hébertot. Mais j’ajoutais qu’une condition encore restait à réaliser, (je ne puis malheureusement préciser davantage) et je pensais d’ailleurs, comme tout le monde ici, que cela irait sans difficulté. C’était compter sans le déchaînement de l’Enfer, qui se sert de tout et de tous, même des bons à leur insu. Un gros obstacle a ainsi inopinément surgi (alors que nous touchions au port) ; il ne faudra rien moins qu’un miracle d’ordre psychologique pour le vaincre. Je m’y emploie de tout cœur, je vous l’assure, mais la partie sera aussi difficile que l’enjeu est grand. […]

13 octobre. J’ai attendu quelques jours avant d’envoyer ma lettre, pour le cas où il y aurait du nouveau. Rien encore. Nous sommes en pleine mêlée. Mais un renfort d’importance est arrivé : l’Ambassadeur d’Ormesson, de retour de vacances, qui sera reçu prochainement par le Pape, et dont l’habileté et la ferveur enlèveront la place32.

L’ambassadeur prend en effet le relais :

… ce matin même j’ai été reçu en audience par le Pape, et ai pu, au cours de la conversation qui a été très cordiale, […] m’appliquer, avec toute la force dont j’étais capable, à le faire revenir sur une décision de principe que certaines circonstances lui avaient en quelque sorte imposée. Le Pape m’a écouté avec la plus grande attention ; Il m’a parlé de vous avec chaleur et m’a assuré du désir ardent qu’il avait de nous donner satisfaction… Mais – si curieux que cela puisse paraître – il n’est pas, en de pareils cas, le seul maître ! J’espère néanmoins l’avoir sérieusement ébranlé. Il m’a redonné quelque espoir […] Nous allons faire l’impossible pour réussir. Mais il ne faut pas se dissimuler que c’est très difficile et que nous nous heurtons à des obstacles qui montrent, d’ailleurs, à quel point ce que nous souhaitons est sans précédent !…

Je vous demande sur tout cela la discrétion la plus absolue33

Les choses semblent donc s’arranger, les nouvelles sont meilleures un mois plus tard :

Pie XII est d’une merveilleuse sensibilité. Il a été exquis et il vous aime… […] Mais il ne faut pas se dissimuler les rivalités, les jalousies, qui crépitent, plus que jamais, de toutes parts, autour des gestes du Pape ; la faveur inouïe qui vous est – et qui nous est – accordée ne ferait que porter ces jalousies, ces rivalités au paroxysme… Il faut donc garder le secret le plus absolu, car la moindre « fuite » dans la presse ferait tout chavirer.

Quelle joie c’est pour moi d’être ainsi associé à cette consécration – c’est une espèce de canonisation littéraire – et de servir à la fois, parfaitement liés, Dieu, la France et votre gloire34 !

Dernières péripéties : en février 1950, Pie XII a donné son accord, date et lieu sont fixés, on pense inviter « tout le corps diplomatique et toutes les autorités du Vatican […] Je n’ose encore y croire » ajoute le comte d’Ormesson, « tant cela me paraît inouï – aussi bien pour la France que pour vous ! Il n’y a pas de précédent35… ». Les choses prennent une allure tout à fait officielle avec une confirmation écrite de Mgr Montini qui sera d’ailleurs publiée dans Le Figaro littéraire36. Et pourtant, c’est « ce diable de climat vaticanesque et romain – si j’ose associer ces mots37 », qui finira par l’emporter. Curieusement, nous ne l’apprenons que par le Journal, les lettres ayant disparu :

18 avril. Nouvelle de Rome. On ne veut plus de représentation de L’Annonce au Vatican. W. d’Ormesson obtient que la représentation soit remplacée par une récitation de poèmes38,

ce qui sera effectivement le cas, le 29 avril, dans la salle du Consistoire, en présence du pape. L’Annonce, quant à elle, sera jouée au théâtre romain de l’Eliseo, le 2 mai, mais sans la présence du pape39.

Quelle « morale » tirer de cette affaire ? Nous ne sommes pas à l’époque de Jean-Paul II, le pape n’est pas un ancien acteur, mais un diplomate qui, malgré son goût de la haute littérature et son grand désir de faire plaisir à Claudel, a beaucoup hésité, sous diverses pressions. Quels étaient donc les obstacles ? Ils ont été multiples, divers, semble-t-il, mais tous convergeant pour faire capoter le projet : poids de la tradition et crainte d’un précédent, jalousies internationales, mais aussi, sans doute, raisons « politiques » (Mgr Fontenelle avait des ennemis, surtout du côté des héritiers de l’Action Française, qui avaient également des raisons de haïr Claudel), rivalités personnelles et littéraires (un personnage semble avoir joué un rôle efficace dans la mise en échec du projet, qui n’est autre que… l’abbé Ducaud-Bourget40), enfin, et c’est sans doute l’essentiel, raison d’« esthétique théologique » qui rejoint celle, cruciale, du « goût » catholique en art, déjà évoqué plus haut : on sait en effet par le témoignage d’une comédienne que « le Sacré Collège tout-puissant refusa[it] le spectacle où Violaine ressuscite, trop étrangement, l’enfant mort de sa sœur Mara41 ». Mais justement, la finesse et la culture de Pie XII lui avaient d’abord fait accepter ce que la diplomatie l’a ensuite acculé à refuser.

Exégèse et liturgie

Comme on le sait encore trop peu, Paul Claudel a passé les vingt-cinq dernières années de sa vie à écrire des méditations bibliques, sans aucune prétention à une quelconque autorité, mais avec une conscience profonde et renseignée des ravages produits dans les esprits par le règne quasi absolu de l’exégèse historico-critique dans les milieux autorisés. Son exterritorialité lui donnant une certaine liberté, il est devenu aux yeux de certains de ses correspondants ecclésiastiques le champion de la résistance, et du retour à une exégèse de la piété : « Vous êtes », s’exclame Mgr Fontenelle, « le dernier des Pères de l’Église42 », faisant écho au P. de Lubac qui l’avait, cinq ans auparavant, au moment de la parution des premiers volumes de « Sources chrétiennes », baptisé « continuateur des Pères43 ».

Claudel s’est tenu au courant des textes pontificaux ; il a lu notamment les encycliques Divino afflante Spiritu [30 septembre 1943] et Humani generis [12 août 1950], qui l’intéressent directement. L’une comme l’autre, on le sait, ont donné lieu à des interprétations contradictoires. Dans une lettre qu’il lui adresse de Beyrouth en 1945, le P. Amédée Brunot, bétharramite, tance Claudel sur son « attitude à l’égard de l’exégèse catholique44 » :

Il me semble en effet que vous affectez de dédaigner tout ce qui est critique littéraire et historique, tout ce qui est traitement humain de la Bible. […] Mais pour nous n’est-ce pas le seul moyen d’atteindre la pensée de l’auteur humain et, par celle-ci, la pensée de l’auteur divin ?

Or l’auteur humain était de son temps, de son pays, de sa race et usait de tous les moyens d’expression connus alors. […] Par conséquent, nécessité absolue pour l’exégète de remonter aux temps anciens de ce mystérieux Orient et à l’aide de l’histoire, de l’archéologie, de la philologie, de pénétrer l’hagiographe pour capter sa pensée. Nécessité absolue de découvrir le sens littéral pour comprendre le message divin.

Il me semble que le Saint-Père a très fortement insisté sur ce point dans son encyclique Divino afflante Spiritu et, d’après une conférence d’un Père Dominicain, entendue voici quelques semaines, c’est précisément à votre exégèse que le Pape s’en prendrait quand il parle du sens spirituel et du sens littéral45.

Si nous prenons ladite encyclique nous nous apercevons que le propos du pape est beaucoup plus nuancé : il y préconise sagement « la fusion heureuse et féconde de la doctrine et de la suave onction des anciens avec l’érudition plus vaste et l’art plus évolué des modernes46 » ; certes la partie centrale définit « la condition actuelle des études bibliques », situe les découvertes récentes dans le « dessein providentiel de Dieu47 » et invite les interprètes à « se servir avidement d’un telle lumière pour scruter plus à fond les divines paroles, les illustrer avec plus de précision, les exposer avec plus de clarté48 » ; mais Pie XII prend également la peine d’y réaffirmer la doctrine de l’inerrance biblique et de l’autorité prééminente ou authenticité de la Vulgate, « à cause d’un usage légitime des Églises, maintenu au cours de tant de siècles49 », le juste usage du sens spirituel selon lequel

les paroles et faits de l’Ancien Testament ont été ordonnés et disposés par l’Infinie Sagesse de Dieu de telle manière que les choses passées signifiassent spirituellement celles qui devaient se réaliser dans la Nouvelle Alliance de grâce […] précisément, notre divin Sauveur lui-même nous révèle dans les Évangiles et nous enseigne ce sens ; imitant les exemples du Maître, les Apôtres l’utilisent dans leurs discours et leurs écrits ; la Tradition constante de l’Église le met en lumière ; enfin, l’usage très ancien de la Liturgie l’expose dans tous les cas où l’on peut à bon droit appliquer le fameux principe : La loi de la prière est aussi la loi de la foi50.

Or telles sont précisément les autorités reconnues par Claudel comme il le dit dans sa réponse au P. Brunot, où il définit clairement les cibles de sa polémique, à savoir les « lettristes » qui refusent toute espèce d’interprétation figurée, et se cantonnent à

ce desséchement effroyable de l’enseignement scripturaire, cet esprit de doute et de conjecture, qui éteint tout sérieux, toute dévotion, tout enthousiasme, tout contact affectueux avec l’Inspiration divine51,

et d’ajouter :

Que de lettres à ce sujet n’ai-je pas reçues de prêtres, de séminaristes, de religieux, de laïcs ! On aurait dit que je leur ouvrais un monde inconnu, tandis que c’est simplement celui où l’Église a vécu pendant quinze siècles et qui a produit des fruits merveilleux dont nous vivons encore52 !

Plus tard, en 1952, Claudel citera dans son Journal un long passage de Divino afflante Spiritu, à l’enseigne de la péricope des pèlerins d’Emmaüs, texte particulièrement cher à son cœur53. Entre temps, il se sera entretenu avec un de ses principaux défenseurs, le P. Paroissin qui menait au séminaire des Missions étrangères une véritable résistance, à l’époque où sévissait l’abbé Steinmann, contre l’exégèse historico-critique, au sujet de l’encyclique Humani generis [12 août 1950]. Claudel se dit « peiné de certains passages54 » et perplexe quant à leur sens ; sans doute a-t-il pu se sentir visé par la phrase allusive qui met en garde contre « l’exégèse nouvelle, que ses maîtres appellent symbolique et spirituelle55 ». Mais le P. Paroissin le rassure, lui affirmant lors d’une visite que « par une circulaire latine adressée aux professeurs d’Écriture Sainte, le Saint-Siège les avertit que les condamnations portées par le Pape ne concernent pas l’exégèse traditionnelle sur l’Écriture des Pères de l’Église56 ». En fait la question est très complexe et Claudel, alors très proche des jésuites Lubac et Daniélou qui le soutenaient dans son entreprise exégétique, n’en a point perçu l’enjeu essentiellement théologique, autour de l’expression du dogme et de l’héritage thomiste57.

Lorsque Pie XII insiste sur l’inscription nécessaire de la réflexion exégétique dans la liturgie, Claudel ne peut qu’applaudir, lui qui avait mis au cœur de sa vie la liturgie tridentine, la messe quotidienne et la méditation du bréviaire. Et pourtant c’est sur ce point que va surgir un désaccord. Il s’agit de la nouvelle traduction latine du Psautier, dite Psalterium pianum, approuvée (mais non rendue obligatoire pour la prière) par Pie XII dans le Motu proprio In quotidianis precibus [24 mars 1945]58. C’est Mgr Fontenelle qui alerte le poète :

Je m’autorise de la bienveillance que vous m’avez témoignée […] pour vous recommander aujourd’hui une entreprise qui, j’en suis sûr, ne vous tiendra pas moins à cœur qu’elle ne tient au cœur de tous ceux qui communient dans l’amour et le respect de notre vénérable Vulgate. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, de la nouvelle version du Psautier. C’est un désastre, et il nous faut à tout prix en conjurer les lamentables effets, en suppliant le Saint-Père de reconsidérer lui-même ce travail, avant d’y donner une sanction définitive. Des revues dominicaines et bénédictines sont très louablement et courageusement parties en campagne. Mais il faudrait que s’y joigne la voix si autorisée en la matière de notre grand Poète catholique. Une étude rapide vous aura déjà édifié à ce sujet. La nouvelle version a été confectionnée par une commission de cinq ou six jésuites allemands, sérieux philologues certes, à l’allemande, mais ne considérant que l’aspect matériel des choses, et n’y apportant pas le moindre souci de l’euphonie ni surtout le moindre sens poétique. Or il s’agit des Psaumes !, de la poésie religieuse et mystique par antonomase, et destinée au surplus à la psalmodie – sans parler de l’aspect traditionnel – la Tradition ! – complètement laissé de côté, pour satisfaire aux postulats d’une prétendue science et d’une prétendue « critique textuelle » ! Quant au vocabulaire de la nouvelle version, n’en parlons pas : c’est une œuvre de cuistres, en même temps que d’iconoclastes. […] Il faut réagir. J’imagine une pétition très respectueuse adressée au Saint-Père […] Je vous supplie, cher Maître, de prendre la tête de cette croisade, au nom de saint Jérôme59 !

Il n’en faut pas plus pour faire bondir Claudel :

[…] Je ne connais la nouvelle traduction que par de rares échantillons contenus dans des recensions insuffisantes.

Ils ont suffi à me remplir d’horreur et d’épouvante. Eh quoi ! toucher au Canon essentiel de la Prière tel que l’Église catholique depuis des siècles l’a consacré et recommandé à la piété des fidèles ! rompre le lien qui nous unit à tant de générations de génies et de saints !

On gémit aujourd’hui sur l’inconscience de ces iconoclastes et de ces Vandales qui, à la suite de Viollet-le-Duc, ont saccagé tant de sublimes monuments. Que penser du crime de ces malheureux qui portent atteinte non pas seulement à des pierres, mais au langage même dans lequel nos pères depuis des siècles nous ont appris à parler à Dieu ! On veut nous arracher du cœur et de la bouche l’idiome de la patrie ! […] Moi, qui depuis 50 ans vis de ce latin incomparable, on veut m’arracher le sein de ma mère, pour m’alimenter avec quelles fabrications pédantesques !

Il paraît que, parmi les textes menacés, se trouve celui des Vêpres :

Ex utero ante luciferum genui te

Est-il possible de retenir un cri d’horreur et de désespoir60 ? ! ! !

Nous ignorons quelle fut l’intervention de Claudel ; en tout cas, un an plus tard, Mgr Fontenelle pousse un soupir de soulagement :

[Le Saint-Père] a pour vous et pour votre œuvre une considération tout émue. Et c’est certainement une des raisons pour quoi, sur votre jugement, il a suspendu l’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Psautier. Il a déclaré dernièrement à l’Évêque de Chartres qu’il laissait 5 ans pour apporter les retouches et corrections voulues à cette version61.

Un document annexe – une lettre du P. de Lubac peut-être adressée au fils de Claudel – nous apprend que l’affaire fut gelée et seulement reprise sous Jean XXIII62. D’après Ph. Chenaux néanmoins, les critiques qui accueillirent ce Psalterium pianum « blessèrent Pie XII qui y vit comme une attaque personnelle63 », l’entreprise reflétant et son souci de moderniser l’exégèse, et son goût foncièrement classique.

Claudel aura d’autres occasions de rendre hommage au grand pape. Très dévot à l’Immaculée Conception, il lui empruntera en 1954, peu avant sa mort, le titre de son encyclique Fulgens corona [8 septembre 1953], dans une conférence donnée aux séminaristes de Versailles64. Soucieux de la santé de Pie XII, qui pourtant lui survivra, il écrit cette émouvante « Passion de Pie XII65 » où l’analogie christique est transparente : le « frêle vieillard » qui a dû affronter « l’atroce guerre de quatre ans […], et les horizons de tous les côtés épaissis par la noire fumée des holocaustes », puis l’horreur du communisme66, « l’appesantissement de l’esclavage le plus féroce et de l’abrutissement le plus abject, sans qu’aucun rayon d’espoir vienne éclairer ces ténèbres », enfin la trahison des fils, les prêtres-ouvriers67, maintenant « sur ce lit aussi strict, aussi sévère que la croix » – et l’hommage de se poursuivre en une solennelle et émouvante prosopopée du Seigneur Lui-même :

pour que jusqu’au dernier moment tu me serves, Mon fils, pour que tu expies, Mon fils innocent, au nom de l’Église, au nom du genre humain tout entier… […]

Qu’en dis-tu, Mon fils, de cette coupe que je t’ai apportée à boire68 ?

 

Dominique MILLET-GÉRARD
Université Paris-Sorbonne

 

 

 


1.  Paul Claudel, « Entrée dans l’Année Sainte » [Le Figaro littéraire, 7 janvier 1950], Supplément aux Œuvres complètes, t. I, L’Âge d’homme, 1990 (désormais Suppt I), p. 240.
2.  Paul Claudel, Journal, t. II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1969, p. 101 (désormais J1 et J2).
3.  Nous avons publié ces lettres dans Le Sacrement du monde et l’Intention de Gloire. Correspondance de Paul Claudel avec les ecclésiastiques de son temps, Honoré Champion, 2 tomes en 3 volumes, 2005-2008 (Corr. I, et Corr. II/1, II/2).
4.  J1, p. 699 (décembre 1925).
5.  J1, p. 963 (Pentecôte 1931) ; il s’agit de Quadragesimo anno, 15 mai 1931.
6 J1, p. 1016 (octobre 1932). Il s’agit du discours de Pie XI à l’inauguration de la nouvelle Pinacothèque vaticane, le 27 octobre 1932 (Acta Apostolicae Sedis (= AAS), 1932, p. 355). Et encore J2, p. 4 (janvier 1933) : « Navrantes déclarations du Pape sur l’Art Chrétien ».
7.  Voir Suppt II, p. 274.
8.  « Le Pape Pie XI » [La Nouvelle Revue française, 1er mars 1939], Œuvres complètes, t. XVI, Gallimard, 1959, p. 376.
9 J2, p. 261 (1er mars 1939). – Voir Ph. Chenaux, Pie XII, diplomate et pasteur, Cerf, 2003, p. 26 : « les armoiries sur le fronton de la porte d’entrée de la maison Pacelli à Onano : un arc-en-ciel, une colombe portant un rameau d’olivier dans son bec, l’arche sur une mer agitée ».
10.  J2, p. 262 (2 mars 1939). Nous n’avons pas retrouvé le texte de la déclaration.
11.  « Le couronnement du Pape Pie XII. Impressions de Rome » [Le Figaro, 25 mars 1939], OC XVI, p. 380-383. – Cf. Matth. 11, 3, et Ex. 29 : les animaux étaient sacrifiés à l’extérieur du sanctuaire, et le sang ensuite apporté à l’intérieur, derrière le voile (tentorium), et Heb. 9, 6-8.
12.  Ph. Chenaux, op. cit., p. 30, citant N. Padellaro.
13.  Ibid., p. 395-396.
14.  Publiés respectivement en 1934 et 1936.
15.  Lettre du 26 août 1936, Corr. II/1, p. 540.
16.  Tirage à part de La Vie spirituelle, octobre 1932.
17.  [Gallimard, 1937].
18.  Lettre du cardinal Pacelli, 13 septembre 1936, Corr. II/1, p. 540.
19.  Lettre du 21 avril 1937, ibid., p. 541.
20.  J2, p. 267-268, avril 1939. Il s’agit de « Impressions de Rome. Le couronnement du Pape Pie XII ».
21.  Lettre de Mgr Fontenelle à Claudel, Fête-Dieu 1947, Corr. II/1, p. 111.
22 Lettre du P. Rodriguez, scj, du 10 février 1942, Corr. II/2, p. 694-695.
23.  Lettre (inédite) du comte Wladimir d’Ormesson du 5 avril 1949 [fonds Claudel, BnF] ; ce passage est cité en J2, p. 680-681. L’article en question est « Quelqu’un barre la route. Le jubilé sacerdotal de Pie XII » [Le Figaro littéraire, 2 avril 1949], repris dans Suppt I, p. 227-229. Il est intéressant de savoir, comme on l’apprend par cette correspondance, que ce texte, d’un anti-communisme notoire, a été prudemment refusé par Le Figaro, où souhaitait le lire le pape, et relégué dans Le Figaro littéraire de moindre audience (le pape recevait le premier, pas le second). Claudel y évoque en termes forts l’hommage rendu par le pape au cardinal Mindszenty (auquel la presse française n’a fait presque aucune allusion, lettre de d’Ormesson du 9 mars 1949), et souligne symboliquement que la date du jubilé du pape, 2 avril, coïncide avec l’ouverture du temps de la Passion. – Dans ce texte, Claudel cite justement le discours de Pie XII du 20 février 1949, dont l’actualité, en d’autres circonstances, ne nous échappe pas : « Ce que voudraient les États totalitaires et antireligieux, c’est une Église qui se taise lorsqu’elle devrait parler. – Une Église qui affaiblisse la loi de Dieu en l’adaptant au goût des désirs humains, lorsqu’elle devrait hautement la proclamer et la défendre. – Une Église qui se détache des fondations inébranlables sur lesquelles le Christ l’a édifiée pour s’étendre mollement sur les sables mouvants des opinions du jour ou s’abandonner au courant qui passe. – Une Église qui ne résiste pas à l’oppression des consciences et ne sauvegarde pas les droits légitimes et les justes libertés du peuple. – Une Église qui avec une servilité indigne reste enfermée entre les quatre murs du temple, oublieuse du mandat divin qu’elle a reçu du Christ : “Allez prêcher aux carrefours des chemins.” – Chers fils et chères filles ! Héritiers spirituels d’une légion innombrable de confesseurs et de martyrs ! Est-ce ça l’Église que vous aimez et que vous vénérez ? Est-ce cela votre mère ? Pouvez-vous imaginer un successeur du premier Pierre qui se plie à de pareilles exigences ? » (Ibid., p. 228). – On n’insistera jamais assez sur la totale convergence de vue entre Pie XII et Claudel sur la question de l’opposition absolue au communisme, qui scelle leur entente profonde, par delà les petits accès d’humeur (voir infra).
24.  Lettre à Claudel du chanoine Cristiani du 24 janvier 1945, Corr. I, p. 430. « Ici » désigne sans doute le milieu lyonnais, auquel appartient le chanoine Cristiani. – Dès le 10 juillet 1944, le général De Gaulle avait proposé cette ambassade à Maritain, qui hésita longtemps et n’accepta que le 29 décembre. Est-ce dans cet intervalle que l’on aurait songé à Claudel ? Lui-même n’en fait état nulle part.
25.  Voir A. Beretta, Claudel et la mise en scène. Autour de L’Annonce faite à Marie, P. U. Franche-Comté, 2000, p. 341 sq.
26 Lettre du 24 juin 1948, Corr. II/1, p. 113.
27.  Voir sa lettre à Claudel du 18 janvier 1949, Corr. II/2, p. 761.
28.  Lettre de Claudel à Mgr Valerio Valeri du 23 janvier 1949, Corr. II/2, p. 762.
29.  Lettre manuscrite (inédite) du 9 mars 1949, fonds Claudel BnF. Voir aussi les lettres du P. Gillet, op, Corr. II/1, p. 147-150.
30.  Lettre manuscrite (inédite) de Wladimir d’Ormesson à Claudel du 5 avril 1949, fonds Claudel BnF.
31.  Lettre de Mgr Fontenelle à Claudel du 19 mars 1949, Corr. II/1, p. 117.
32.  Lettre de Mgr Fontenelle à Claudel du 7 octobre 1949, Corr. II/1, p. 119-120. Citations de Cant. 4, 4.
33.  Lettre manuscrite (inédite) de Wladimir d’Ormesson à Claudel du 16 octobre 1949, fonds Claudel BnF.
34.  Lettre manuscrite (inédite) de Wladimir d’Ormesson à Claudel du 13 novembre 1949, fonds Claudel BnF.
35.  Lettre manuscrite (inédite) de Wladimir d’Ormesson à Claudel du 2 février 1950, fonds Claudel BnF.
36.  Lettre de Mgr Montini à Claudel du 25 mars 1950, Corr. II/1, p. 497 ; parue dans Le Figaro littéraire du 9 avril 1950, coupure collée par Claudel dans son Journal à la même date (J2, p. 726). La représentation, réduite à un spectacle d’une heure par les soins du P. Gillet, est annoncée pour « le 29 avril à 18 heures dans la grande salle des Bénédictions, qui se trouve juste au-dessous du péristyle de St-Pierre, là où se trouve le fameux balcon d’où les papes donnent leur bénédiction Urbi et Orbi » (lettre de W. d’Ormesson du 2 février).
37.  Lettre manuscrite (inédite) de Wladimir d’Ormesson à Claudel, 24 février 1950, fonds Claudel BnF.
38.  J2, p. 728.
39.  Dans cette même salle, le lendemain 3 mai, Claudel prononcera une conférence intitulée « Un pèlerin de l’Année Sainte », dans laquelle il rapproche Pie XII de Pie X (dont la canonisation en 1954 le réjouira, voir Corr. II/1, p. 602) : « Ajouterai-je qu’en quittant ce Saint Pape aux pieds de qui, hier, mais oui, c’était hier, je me suis agenouillé en pleurant et qui m’a ouvert les bras, j’ai cherché dans le pavement de Saint-Pierre cette petite croix de cuivre qui marque l’endroit où, tout près de l’Apôtre, repose un autre Pape que j’ai beaucoup vénéré. Et je me souviens de ces paroles prophétiques qu’en des jours d’affliction, aujourd’hui nous l’espérons, heureusement révolus, il adressait à la France : “Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas trop éloigné, où la France comme Saul sur le Chemin de Damas sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui dit : Ma fille, pourquoi Me persécutes-tu ? – Qui êtes-vous, Seigneur ? La voix répond : Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon parce que dans ton obstination tu te renies toi-même. Et elle, tremblante, et étonnée, dira : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? – Et Lui : Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l’Église, va, nation prédestinée, vase d’élection, va porter comme par le passé mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la Terre !” » (OC XXV, p. 572-573).
40.  Voir J2, p. 731-732, et notre Claudel thomiste ?, Champion, 1999, p. 232-233.
41.  Ève Francis, Un autre Claudel, Grasset, 1973, p. 314.
42.  Lettre du 25 février 1950, Corr. II/1, p. 125.
43.  Voir J2, p. 506.
44.  Lettre du P. Brunot à Claudel du 20 novembre 1945, Corr. I, p. 280.
45.  Ibid., p. 280-281. Cf. J2 p. 538 où Claudel note cette insinuation le concernant. Le Dominicain en question pourrait être le P. Albert-Marie Dubarle, avec qui Claudel a eu maille à partir. Sur la question du sens littéral, voir notre article sur ce sujet : « Le sens littéral dans l’exégèse claudélienne », in actes du colloque de l’École biblique de Jérusalem, décembre 2007, Le Sens littéral des Écritures, dir. O.-Th. Venard, op, Cer, « Lectio divina », 2009, p. 263-292.
46.  S. S. Pie XII, Encyclique sur les études bibliques. Divino afflante Spiritu, éditions Comprendre, Lille, 1944, p. 18.
47.  Ibid., p. 12. – Claudel a lui-même écrit un texte « À propos des récentes découvertes bibliques » [Choisir, 9 septembre 1936], OC XXVIII, p. 296-304.
48.  Divino afflante Spiritu, op. cit., p. 12.
49.  Ibid., p. 15.
50.  Ibid., p. 17.
51.  Lettre de Claudel au P. Brunot du 17 décembre 1945, Corr. I, p. 285.
52.  Ibid. Les lettres en question figurent dans la Correspondance que nous avons éditée.
53. J2, p. 819-820.
54.  Lettre de Claudel au P. Paroissin du 17 septembre 1950, Corr. II/1, p. 560.
55.  S. S. Pie XII, Humani generis, éditions de la Bonne Presse, 1957, p. 11.
56.  J2, p. 750 (12 octobre 1950).
57.  Voir à ce sujet Ph. Chenaux, op. cit., p. 394-395, et notre Claudel thomiste ?, op. cit., p. 210 sq.
58.  La première édition, non critique, date de 1944. Il s’agit d’une entreprise de « révision » de la Vulgate qui remonte… à saint Pie X, confiée en 1907 aux bénédictins, et institutionnalisée en 1933 par Pie XI avec la création du monastère de Saint-Jérôme in Urbe ; mais c’est aux jésuites de l’Institut biblique pontifical, fondé par Pie X, que revint la retraduction des Psaumes. Ils y travaillèrent de janvier 1941 à août 1944, sous la direction du P. Augustin Bea. Sur son rapport à Pie XII pour les questions exégétiques, voir Ph. Chenaux, op. cit., p. 385 sq.
59.  Lettre de Mgr Fontenelle à Claudel du Mardi Saint (16 avril) 1946, Corr. II/1, p. 107-109.
60.  Lettre de Claudel à Mgr Fontenelle du 27 mai 1946, Corr. II/1, p. 110. – Ps. 109, 3. C’est le psaume Dixit Dominus des Vêpres du dimanche.
61.  Lettre de Mgr Fontenelle à Claudel, Fête-Dieu (5 juin) 1947, Corr. II/1, p. 111-112. L’évêque de Chartres était Mgr Harscouët.
62.  Ibid., p. 112, n. 7.
63.  Op. cit., p. 387.
64.  Le 25 mars 1954, puis à Lyon le 21 novembre. Publiée dans la Revue de Paris de mars 1955 ; reprise dans OC XXI, p. 425-444.
65.  « La Passion de Pie XII » [Le Figaro littéraire, 18 décembre 1954], Suppt I, p. 291-292.
66.  Il est certain que pour Claudel l’horreur communiste dépasse encore celle de la Seconde Guerre mondiale : il le dit très clairement dans « Entrée dans l’Année Sainte », texte qui s’ouvre sur un éloge du courage du pape : « Une fois de plus, la voix de Rome s’est fait entendre » et se poursuit par une évocation terrible du fléau des temps modernes : « Jamais dangers plus graves en effet n’ont menacé la chrétienté. […] Au moment où je parle, vingt millions d’êtres humains, dans des conditions inouïes, travaillent sous le fouet de l’exacteur à nous donner une image de l’Enfer qui dépasse le sombre génie de Dante […]. Et cet enfer n’est plus localisé dans la malheureuse Russie. Depuis la fin de la dernière guerre, les frontières n’ont cessé de s’en élargir. Nous avons vu s’y engloutir des nations chrétiennes tout entières, au passé illustre, rattachées par toutes leurs fibres et toutes leurs traditions à notre âme et à notre chair » ([Le Figaro littéraire, 7 janvier 1950], Suppt. I, p. 238-239). Voir aussi « Pontifex Maximus » [L’Homme nouveau, mars 1950], Suppt I, p. 242-243. Claudel voit là une nouvelle horreur qui dépasse encore celle de l’extermination des juifs, à propos de laquelle on connaît la lettre de Claudel à Maritain du 13 décembre 1945 (Bulletin de la Société Paul Claudel no 181, mars 2006, p. 42-44), écrite sans doute sous le coup de la lecture du livre de Journet, Destinées d’Israël [Egloff, 1945], et où Claudel demande « une protestation solennelle du Vicaire du Christ » contre cette persécution qu’il compare à celle des Saints Innocents, proposant de considérer les enfants juifs massacrés « non seulement comme des élus ayant reçu le baptême du sang, mais comme des martyrs » – et d’ajouter magnifiquement : « Après tout ils ont été égorgés non seulement en haine de Dieu, mais en haine du Dieu chrétien ».
67.  Voir à ce sujet un texte de Claudel : « Les prêtres-ouvriers » [Le Figaro littéraire, 3 avril 1954], Suppt I, p. 285-288.
68.  « La Passion de Pie XII », op. cit., p. 292. – Autres textes de Claudel consacrés à Pie XII et que nous n’avons pas cités ici : « Les XXI prières de S. S. le Pape Pie XII » [préface à Prières de Pie XII, Plon, 1949], OC XXVIII, p. 348-351 ; « La Nuit de Pâques » [Radio-Cinéma, janvier 1953], Suppt I, p. 275-276 ; « L’Œil écoute » [Le Figaro littéraire, 19 mars 1953], Suppt I, p. 278-280 ; « N’ayez pas peur ! » [Arts, 17-23 avril 1953], Suppt I, p. 282-284.

 

 

 

Bibliographie

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Calas, Frédéric, « Formules discursives de l’intradiscours catholique dans Le Soulier de Satin », p. 187-203.

Kaës, Emmanuelle, « Avant-propos », p. 9-13.

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